Pawel est bénévole au sein de l’association polonaise Raoul Follereau. Il consacre tous ses weekends à l’accueil et la prise en charge des réfugiés ukrainiens.
Depuis combien de temps êtes-vous bénévole et comment avez-vous connu l’association polonaise Raoul Follereau ?
Je m’appelle Pawel. J’ai 40 ans, je vis à Varsovie. Je suis répartiteur des Tramways de Varsovie Je suis bénévole de la Fondation depuis 1996, mais mon plus grand engagement a commencé en 1997 lorsque je me suis engagé dans l’aide des victimes des grandes inondations au sud-est de Pologne.
Pouvez-vous nous raconter les premiers jours de la guerre, ce que vous avez ressenti, l’ambiance en Pologne ?
Choc et peur au tout début. Toutes les chaînes de télévision, la radio et Internet ne parlaient que de guerre. Nous avions très peur que les troupes russes n’entrent également en Pologne. Avec le temps, nous avons appris à vivre avec, mais nous avons toujours des inquiétudes pour notre pays et pour l’Europe.
Pouvez-vous nous dire votre mission au sein de l’association ?
Mes activités au sein de la fondation sont actuellement doubles. J’aide à la coordination et à la gestion des transports humanitaires. Je suis également actif dans un centre de réfugiés temporaire à Varsovie. Je leur assure jour et nuit le transport vers les gares, les aéroports, les hôpitaux, les ambassades et les hôtels. Ce sont souvent des mères avec plusieurs enfants et toutes leurs affaires emballées dans plusieurs valises.
Pourquoi vous êtes-vous engagé ?
C’est ainsi que j’ai été élevé. Les gens fuient le pays où se déroule la guerre donc c’était un réflexe naturel d’aider sans réfléchir et sans se poser trop des questions.
Quelle serait une journée type ?
Chaque jour est différent. Selon les besoins, je me rends dans nos entrepôts près de la frontière avec l’Ukraine dans la région de Zamość (env 300 km), ou je reste au centre d’urgence de Varsovie. Ayant un jour de congé au travail, je suis arrivé le matin au centre de réfugiés. J’ai emmené un couple de personnes âgées à la gare. Ils étaient très gais et souriants, mais au cours de notre conversation, leurs souvenirs d’Ukraine sont revenus et ils se sont tus. Du coin de l’œil dans le miroir, j’ai vu des larmes dans leurs yeux. Dans de tels moments, j’apprécie ce que j’ai et la paix dans mon pays. Plus tard, j’emmenais une femme avec deux enfants et une grand-mère à l’aéroport. Nous sommes passés devant McDonald’s en chemin. La fille a vu de loin la lettre caractéristique M. Je me suis retourné et après un moment, avec un sourire sur son visage, elle a mangé des frites. Je ne prends pas les réfugiés comme un taxi. Ils ont parfois besoin d’une conversation, mais aussi d’une prise en charge à la gare ou à l’aéroport. C’était une journée ensoleillée, alors avec le deuxième volontaire du centre, nous avons réuni un groupe de garçons et les avons emmenés sur le terrain pour qu’ils s’éloignent un peu de la grande salle avec les réfugiés et oublient le drame qui s’était produit.
Quelles difficultés rencontrez-vous ?
Du point de vue logistique, il y a parfois un problème avec les chauffeurs du côté ukrainien car ils ne peuvent pas sortir de leur pays, sauf pour les hommes qui ont trois enfants ou plus ou qui ont plus de 60 ans. Le transport arrive en Pologne. Ensuite nous appelons des camions ukrainiens. Mais très souvent il nous faut attendre quelques jours : les chauffeurs ukrainiens manquent parfois à l’appel. Nous manquons de véhicules pour le transport des personnes et des marchandises. Nous utilisons des voitures particulières, qui ne peuvent pas toujours accueillir une famille nombreuse. Et un autre type de difficulté consiste parfois à contrôler les émotions lorsque l’on parle aux réfugiés surtout quand je vois de jeunes enfants qui ne sont pas pleinement conscients de ce qui se passe et de l’endroit où ils se trouvent.
Quels sont vos espoirs ?
Mon espoir et mes attentes sont les mêmes que ceux de tout Ukrainien, Polonais ou Européen, c’est-à-dire la fin de la guerre. Je ne veux que ça. Maintenant, nous aidons ici en Pologne et envoyons des convois de secours à travers la frontière orientale, mais quand la guerre sera finie, nous irons aider à reconstruire le pays. Ce sont nos voisins et nos frères. Nous ne les laisserons pas seuls.