Geeske Zijp, infirmière au Tchad, se bat contre la lèpre.

 

« Ce n’est pas normal, de nos jours, de voir ça… » À ces mots, Geeske prend délicatement une grande photographie en couleurs. En premier plan se dessinent des mains, totalement dépourvues de ses doigts. « Cette jeune fille a 20 ans. Elle cachait ses mains dans les plis de sa jupe la première fois que je l’ai rencontrée. Elle souffrait aussi d’une paralysie faciale à cause de la lèpre. A 20 ans, on a la vie devant soi mais que peut-elle faire avec ce handicap ? » Geeske parle d’une voix douce teintée d’un joli accent venu de la mer du Nord : « Je lui ai proposé de l’aider à ouvrir un petit commerce de vente d’arachides et de savon avec sa sœur. Son visage s’est éclairé d’un sourire. » Réinsérer les anciens malades de la lèpre est l’une des nombreuses missions de Geeske Zijp au Tchad. Infirmière diplômée depuis 1984 puis sage-femme en 1987, elle a dédié sa vie aux autres.

 

 

Une vocation jeune

 

 

« Cette vocation m’est venue jeune. A l’âge de 5 ans, je savais que je voulais être infirmière en Afrique. » Geeske Zijp est originaire des Pays-Bas. Dès son diplôme en poche, elle s’envole dans les camps de réfugiés en Thaïlande, puis sera infirmière et sage-femme au Soudan où elle apprend à parler arabe et passe un an dans une clinique mobile en Irak. Un jour, à Londres, cette soignante aux mille vies est touchée par le témoignage de deux femmes indonésiennes qui travaillaient auprès des malades de la lèpre. « Je ne connaissais pas cette maladie mais j’ai postulé auprès de la Mission Evangélique contre la lèpre (MECL). » Après un passage d’un an comme infirmière coordinatrice au Zaïre (ex-Congo), Geeske est envoyée en mission au Tchad pour la MECL à Mongo. « Je pensais que ce serait pour seulement 5 ans puis le temps a filé : cela fait 20 ans que j’y vis », dit-elle en souriant.

L’infirmière est aux avant-postes des avancées réalisées par la recherche sur le traitement de la lèpre : « La polychimiothérapie (PCT) venait à peine de faire son entrée comme traitement contre la lèpre ! Pour tout vous dire, nous travaillions à tâtons au début. » Au fil des années, l’infirmière est parvenue à tisser un lien de confiance avec les patients et le ministère de la Santé tchadien : « Notre but est d’aider les personnes atteintes de la lèpre à trouver le chemin de la guérison. Personne ne devrait, aujourd’hui, souffrir de cette maladie. Au Tchad, entre 300 et 400 nouveaux cas de lèpre par an sont dépistés dont 8 à 10 % sont des enfants et 20 % ont déjà des séquelles handicapantes. » Le Tchad est un pays très pauvre avec peu de ressources. La lutte contre la lèpre est un vrai défi tant le territoire est grand, les infrastructures sont peu développées. Avec la MECL, Geeske forme le personnel de santé et mène aussi des activités sociales pour la réinsertion des malades de la lèpre. Elle tire sa motivation de sa foi chrétienne et de sa profonde empathie : « la souffrance des malades me touche. Ma plus grande joie est de voir quelqu’un qui guérit. J’aime aussi les rassurer car beaucoup sont très stressés. »

Avec la Fondation Raoul Follereau, la MECL soutient le Programme national de lutte contre la lèpre (PNLL) dans la réalisation de ses activités de dépistages et de supervisions.