Du 23 au 25 octobre dernier, à l’Université d’Accra, au Ghana, s’est tenue la 5ème réunion de BU-LABNET : un réseau de 13 laboratoires d’Afrique de l’ouest et d’Afrique centrale. Initialement consacrées à l’ulcère de Buruli, les activités du réseau s’étendent peu à peu aux autres maladies tropicales négligées à manifestation cutanée.
« Ce réseau est important car il permet de contrôler la qualité du travail de chaque laboratoire et, au besoin, de renforcer ses compétences.
Notre travail se passe dans l’ombre, mais au service des malades et de la recherche. L’existence du réseau offre une certaine visibilité à ce travail. »
Line Ganlonon [en photographie] est responsable du laboratoire de biologie moléculaire du Centre de traitement de la lèpre et de l’ulcère de Buruli (CDTLUB) de Pobè, au Bénin. Son laboratoire, entièrement financé par la Fondation Raoul Follereau, est membre du réseau BU-LABNET.
Les 13 membres de BU-LABNET sont des laboratoires de référence dans leurs 9 pays d’origine : le Bénin, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Gabon, le Ghana, le Libéria, le Nigéria, la République démocratique du Congo et le Togo. Le réseau compte également des experts externes et est soutenu par plusieurs partenaires : l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’American Leprosy Mission, la Fondation Anesvad et la Fondation Raoul Follereau.
Créé en 2019, BU-LABNET s’est donné pour mission initiale d’améliorer le diagnostic de l’ulcère de Buruli par PCR (*) au sein des laboratoires membres du réseau, en utilisant des protocoles de tests standardisés, et en faisant appel à des programmes externes pour s’assurer de la qualité de ces diagnostics. Ainsi, tous les ans, des échantillons sont envoyés à l’aveugle à chaque laboratoire du réseau pour s’assurer de la qualité du travail des différentes équipes .
Jusqu’à son entrée dans le réseau, chaque laboratoire avait développé ses propres protocoles pour diagnostiquer les maladies tropicales négligées endémique dans son pays. Ainsi le laboratoire du Soudan diagnostiquait la leishmaniose, le Cameroun le pian, le Sénégal le mycétome, le laboratoire de Pobè la lèpre et l’ulcère de Buruli.
BU-LABNET vise à harmoniser progressivement ces protocoles. Le protocole utilisé par le laboratoire de Pobè pour diagnostiquer l’ulcère de Buruli a ainsi été validé et standardisé par le groupe d’experts – dont le travail est coordonné par le Centre Pasteur du Cameroun. Depuis 2021, les 13 laboratoires utilisent ce même procédé par PCR pour diagnostiquer l’ulcère de Buruli.
Standardiser ces protocoles suppose également de fournir à tous les laboratoires les mêmes réactifs – ces produits chimiques conçus ou formulés pour être utilisés dans la réalisations des tests. La Fondation Raoul Follereau finance l’envoi de ces réactifs à l’ensemble des pays.
En octobre dernier, la réunion a permis de faire le point sur les progrès réalisés depuis 2022 et de recenser les moyens d’élargir les activités à d’autres maladies tropicales négligées (MTN) à manifestation cutanée : la lèpre, le pian, la leihmaniose cutanée et le mycétome.
Afin de prendre en compte cette extension progressive aux autres dermatoses, la cinquantaine de participants présents à Accra, dont Line Ganlonon, ont décidé de renommer le réseau « SKIN NTD-LabNetwork ».
(*) PCR : procédé d’amplication en chaîne par polyuémase .