Le 23 janvier dernier, au siège de la Fondation Raoul Follereau à Paris, se sont réunis une quarantaine de représentants des laboratoires et des institutions du monde entier impliqués dans la recherche sur les traitements de la lèpre et de l’ulcère de Buruli. La réunion a porté sur une nouvelle molécule prometteuse : Telacebec.
« Les équipes de recherche ne peuvent réaliser le travail seules, chacune a des atouts que l’on peut mutualiser » souligne le docteur Christian Johnson, directeur médical de la Fondation Raoul Follereau, à l’issue de la réunion du 23 janvier.
Depuis les années 1980, époque à laquelle la Fondation Raoul Follereau participe activement à l’élaboration du traitement par la polychimiothérapie (PCT), la recherche sur les traitements de la lèpre et de l’ulcère de Buruli a toujours été l’un de ses objectifs prioritaires. Il s’agit de surveiller les résistances à la PCT pouvant apparaître et de prévoir des solutions alternatives. C’est dans ce cadre qu’à partir de 2019, un projet de recherche est mené à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, avec le soutien de la fondation, pour évaluer l’efficacité d’une nouvelle molécule Q203 dite Telacebec.
La molécule Telacebec a été découverte et développée avec succès par la société Qurient qui en a cédé les droits à l’entreprise sud-africaine TB Alliance, laquelle travaille à l’amélioration du traitement de la tuberculose. Or les bacilles de la tuberculose, de la lèpre et de l’ulcère de Buruli appartiennent à la même famille. A but non lucratif, ayant pour pour finalité d’apporter des traitements aux malades, TB Alliance a accepté de mettre à disposition la molécule pour la recherche sur la lèpre et l’ulcère de Buruli. Des équipes de chercheurs de ces deux maladies ont ainsi commencé à travailler parallèlement sur la molécule, avant de décider de mutualiser leurs moyens à la fin de l’année 2023.
« Collaborer à une œuvre collective. »
Basées en Australie, en Belgique, au Brésil, aux Etats-Unis, en Ethiopie, en France, au Ghana, en Inde, au Japon, aux Pays-Bas, aux Philippines, au Royaume-Uni et en Suisse, toutes les équipes travaillant sur la lèpre et l’ulcère de Buruli ont répondu à l’invitation de la Fondation Raoul Follereau et participé à la réunion du 23 janvier, en présentiel ou à distance. L’enthousiasme était palpable : « c’est exceptionnel » partage un participant, « je suis très marquée par cette réunion qui rassemble des équipes du monde entier pour partager nos données et nos expériences » témoigne encore Bouk de Jong, de l’institut de médecine tropicale d’Anvers. La réunion était co-organisée par la fondation et par TB Alliance, en présence d’Eugene Sun, responsable de la recherche et du développement de l’entreprise.
Les axes de travail ont été définis et confiés à trois groupes : finaliser les études précliniques à la Pitié Salpêtrière pour le traitement de la lèpre, étudier les possibilités de prévention permises par la molécule en combinaison avec d’autres, travailler aux essais cliniques (un premier essai est lancé pour le traitement de l’ulcère de Buruli en Australie), déterminer les ressources financières.
Au terme de cette rencontre internationale, Oleg Ouss, président du Directoire de la Fondation Raoul Follereau, témoigne de l’esprit de collaboration, moteur du projet : « les intérêts personnels ont été dépassés laissant place à une volonté de collaborer à une œuvre collective. »
De gauche à droite, en haut : Natalya Serbina (TB Alliance USA), Alexandra Aubry (Centre d’immunologie et des infections microbiologiques de la Sorbonne), Dr Christian Johnson (Fondation Raoul Follereau), Stewart Cole (Institut Pasteur, Fondation Raoul Follereau), Eugene Sun (TB Alliance), Wim van Brakel (Netherlands Leprosy Relief Foundation), Liesbeth Mieras (Netherlands Leprosy Relief Foundation), Emmanuelle Cambau (APHP GHU Paris Nord, Hôpital Bichat) ;
En bas : Kristen Cloots (Institute of Tropical Medicine, Andwerp), Bouke de Jong (Institute of Tropical Medicine, Andwerp), Ymkje Stienstra (University of Groningen), Oleg Ouss (Fondation Raoul Follereau).
Photographie ©Marie-Charlotte Noulens