Saturnin est aide-soignant au centre de santé Saint Joseph de Davougon, au sud-ouest du Bénin. Depuis 2020, il se forme à la lèpre auprès du prêtre-infirmier Christian Steunou, et part dans les villages du Zou dépister et visiter les malades.
« Je m’appelle Saturnin, je suis aide-soignant.
Je suis arrivé au centre anti-lèpre de Davougon, en 2020, pour un stage de 6 mois. Après ce stage, la direction du centre m’a proposé de rester et m’a confié une tâche précieuse : m’occuper des malades de la lèpre et aller dans les villages pour dépister les nouveaux cas.
Mon métier, c’est de sensibiliser les personnes dans les villages, de dépister les malades et de les accompagner jusqu’au centre pour recevoir le traitement contre la lèpre. Je veux me spécialiser dans le traitement de la lèpre alors chaque jour, je pose des questions au père Christian Steunou [prêtre-infirmier, fondateur du centre de Davougon] pour apprendre à bien soigner les malades.
Nous sommes 5 aides-soignants à Davougon, on se répartit le travail. Le matin, on s’occupe des pansements et des soins, et on s’assure que les gardes-malades [généralement des membres de la famille du malade] préparent bien la bouillie. Tous les jours, je vais les voir et vérifie qu’ils ont bien pris soin de leurs pieds et de leurs mains. Et deux fois par semaine, je pars à moto dans les villages des communes autour de Davougon – Abomey, Agbangnizoun, Bohicon, Djidja…
Lorsque je vais dans un village, je vais me présenter au chef du village. Avec son accord, je fais le tour des habitations, je rassemble une dizaine de personnes et leur parle de la lèpre : les signes de la maladie, le traitement qui est gratuit, la guérison possible… Si quelqu’un du village présente des signes de la lèpre (des taches, des mains en griffe), on m’oriente vers la personne. Je prends alors le temps d’échanger avec ces personnes, de leur expliquer qu’on peut les soigner à Davougon. C’est parfois assez long de les convaincre de venir au centre car ils ont peur de perdre leur travail ; je rentre alors tard chez moi le soir, mais c’est mon travail, je dois le faire.
Les lépreux sont souvent ignorés. Avant le père Christian, ils étaient même séparés des autres malades… Alors je les ai pris comme frères. »
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