Depuis 2018, au Sénégal, les personnes souffrant de complications liées à la lèpre peuvent être soignées dans quatre centres répartis dans le pays.

 

 « Les soignants oublient et ne pensent plus à la lèpre dans leur diagnostic, la maladie se développe et les invalidités aussi » déplore le Dr Fatou Diop, dermatologue à l’hôpital régional de Kaolack, à l’ouest du Sénégal. En 1995, le pays est passé sous le seuil d’élimination de la lèpre d’1 cas pour 10 000 habitants. Mais la maladie continue de se transmettre – 154 nouveaux cas ont été dépistés en 2023 – notamment chez les enfants. Certains se présentent avec des invalidités importantes et d’anciens malades avec des réactions qu’il faut traiter : mains en griffes, paralysie faciale, maux perforants plantaires.

Permettre aux plus pauvres d’accéder à des soins de proximité

Longtemps le seul centre de prise en charge des complications de la lèpre a été le Centre Hospitalier de l’Ordre de Malte (CHOM) – ancien Institut de Léprologie Appliquée de Dakar. Or dans un pays où le taux de pauvreté s’élève à 35%, « les déplacements jusqu’à la capitale étaient trop coûteux pour les familles démunies, et c’est chez elles que la lèpre sévit d’abord » précise le Dr Louis Zoubi, coordonnateur du Programme d’élimination de la lèpre (PNEL).

Aussi, pour permettre à tous d’accéder aux soins, le PNEL a-t-il décentralisé, à partir de 2018, la prise en charge des invalidités et de la réadaptation physique liées à la lèpre (PIRP), avec l’aide de la Fondation Raoul Follereau. Quatre centres des régions endémiques ont été identifiés : Thiès, Kaolack, Diourbel et Zinguinchor. Les dermatologues et orthopédistes de ces centres ont été formés sur la lèpre et la PIRP et sont supervisés chaque année par le PNEL et la Fondation. En 2024, le PNEL envisage d’étendre le dispositif à d’autres régions endémiques du pays.