Dans la périphérie de Zinder, au sud du Niger, un centre accueille les plus démunis : malades de la lèpre, enfants malnutris, jeunes filles désœuvrées.

 

Kara-Kara est le quartier où trouvent refuge les « indésirables » de Zinder : aveugles, malades de la lèpre, mendiants, tous ont trouvé refuge dans ce quartier autrefois périphérique de la ville. C’est là que Sœur Dolores a fondé en 1993, avec l’aide de la Fondation Raoul Follereau, un centre de traitement de la lèpre. Dans les années qui ont suivi, le centre a étendu ses activités pour répondre aux besoins sociaux-éducatifs et sanitaires de la population.

En janvier 2015, de violentes émeutes éclatent à la suite des attentats commis en France. Le centre est défendu par la population, mais Soeur Dolores est rapatriée. L’infirmière Maman Dibah Georges prend sa suite et poursuit depuis, dans un même esprit de service, toutes les activités du centre. Mme Dibah préside également la section régionale de l’Association Nigérienne Raoul Follereau (ANRF) qui œuvre à la sensibilisation et à la réinsertion des anciens malades de la lèpre. 

 

Des croyances tenaces

 

« La lèpre est encore perçue comme une maladie honteuse, les gens se cachent et viennent de loin car ils savent pouvoir être soignés ici » observe l’infirmière. Les croyances autour de la lèpre sont encore légion dans le pays : les personnes évitent les malades, refusent de s’assoir à côté d’eux. Au centre de Kara-Kara, se présentent des hommes inquiets d’avoir contracté la maladie après avoir commis un parjure. Inlassables, la dynamique soignante et son équipe informent sur la maladie. 

En 20 ans, la situation des malades de la lèpre s’est néanmoins améliorée au Niger, grâce au travail de sensibilisation effectué par le Ministère de la Santé Publique, le Programme national de lutte contre la lèpre et ses partenaires, et les médias. Au nombre de ces partenaires, l’ANRF aide également d’anciens malades à développer des activités génératrices de revenus – élevage de moutons, vente de bois de chauffe, vente de farine – luttant ainsi contre la mendicité.