Au sud-est de Madagascar, le centre d’Ampasy s’égaie chaque jour des rires des enfants hébergés par les religieuses. Parmi ceux-ci, Sonia est fille d’un ancien malade de la lèpre, soigné au centre. Boursière de la Fondation Raoul Follereau, elle rêve d’enseigner un jour, à son tour. 

« Je m’appelle Sonia, j’ai 9 ans.
Je vais en classe de 11ème à l’école Saint Joseph. J’aime aller à l’école, j’apprends à écrire et à lire.
De temps en temps, je vais voir mon Papa, il vit ici au centre. Moi je dors avec mes amies, chez les sœurs.
Mes amis s’appellent Felicia, Christella, Juliano, nous aimons rire, chanter et danser !
Plus tard, j’aimerais bien devenir institutrice. »

Sonia est une petite fille joyeuse, au regard à la fois timide et malicieux. Le centre d’Ampasy où elle vit se trouve dans les hauteurs de Fort Dauphin – Tôlanaro en malgache – cité côtière de l’océan Indien. Encerclé par les montagnes et la forêt, le centre d’Ampasy est tenu par les Filles de la charité de Saint Vincent de Paul. Il comprend un dispensaire dédié à la lèpre où les parents de Sonia se sont rencontrés, un dispensaire général et une grande école primaire où elle étudie. En 2023, 23 malades de la lèpre étaient dépistés par les soignantes d’Ampasy, et 12 patients suivis en raison des réactions de la maladie. Sonia, quant à elle, loge dans un bâtiment où les religieuses hébergent aussi quelques élèves dont les familles sont dans une situation très précaire. L’école primaire accueille environ 300 élèves, trois d’entre eux sont d’anciens malades ou enfants d’anciens malades, comme Sonia, et bénéficient d’une bourse de la Fondation Raoul Follereau.

 

Le rêve d’un père pour sa fille 

Originaire de la région Anosy, le père de Sonia a travaillé, jeune adulte, comme domestique chez des étrangers. C’est là que les signes de la lèpre sont apparus. Reconnaissant la maladie séculaire, ses employeurs lui ont recommandé d’aller se faire soigner chez les religieuses d’Ampasy. Au cours de son hospitalisation, le malade a fréquenté une jeune femme qui gardait sa sœur atteinte elle aussi de la lèpre : « on s’est rencontré, et on s’est compris » se remémore-t-il d’un sourire. Après la guérison, le jeune couple a reçu l’aide des religieuses pour construire une case où s’installer. Trois enfants sont nés de cette union, deux garçons et une petite fille, Sonia. Par la suite, sa femme partie avec les deux aînés, le père et la fille sont revenus s’installer chez les sœurs d’Ampasy. L’homme y travaille depuis comme gardien du centre. Malgré une forte claudication, il s’occupe aussi des bœufs et cultive des patates douces et du manioc. Lui-même vit dans une petite cahute en bois très humble et a confié sa fille aux religieuses. Sonia fait sa fierté :

« J’aurais voulu que mes trois enfants deviennent indépendants, mais mes fils ont refusé d’aller à l’école.

Je souhaite que Sonia termine ses études et devienne institutrice. »

Ne recevant que rarement la visite de sa mère, la jeune fille bénéficie de l’esprit paisible et familial qui règne à Ampasy, où les religieuses se montrent soucieuses du bien-être des malades hospitalisés et des enfants accueillis.