Développer un nouveau traitement est une des priorités des chercheurs engagés contre la lèpre. Un essai de phase II, mené à cette fin à Bamako et à Paris, est arrivé à son terme en juillet dernier. Les résultats sont prometteurs.

 

Des millions de malades ont guéri de la lèpre grâce à la polychimothérapie (PCT) administrée depuis 40 ans, dans le monde. Toutefois le traitement est lourd pour les patients et non sans effets secondaires ; de plus, le bacille responsable de la lèpre développe des mécanismes de résistance au traitement que surveillent quelques pays, comme le Brésil et la France.

À la Sorbonne Université à Paris, le professeur Alexandra Aubry et son équipe surveillent ces résistances et participent à un essai sur une nouvelle molécule :

« Au laboratoire on ne veut pas rater la chance qu’un traitement antituberculeux puisse aussi être un antilépreux, les deux bactéries étant proches, c’est ainsi qu’on a commencé à travailler sur la molécule bédaquiline ».

Une avancée historique

 

Depuis 2019, les équipes de l’hôpital dermatologique de Bamako (HDB) et de la Sorbonne Université travaillent de concert. À Bamako, les soignants ont dépisté et recruté les malades volontaires qu’ils ont mis sous le traitement expérimental à base de bédaquiline, pendant deux mois. De plus, ils ont prélevé et envoyé à Paris des biopsies cutanées. À Paris, les chercheurs ont procédé d’une part  aux analyses moléculaires de ces biopsies pour évaluer les résistances à la PCT, d’autre part à leur inoculation sur la souris – le modèle murin – pour tester la bédaquiline.

Les résultats de cet essai de phase II mettent en avant une haute efficacité de la molécule dès deux mois de traitement..

« C’est certainement une avancée historique pour le traitement de la lèpre » se réjouit Alexandra Aubry, « l’essai Bedaquiline ouvre des perspectives intéressantes en termes de simplification et réduction du temps de traitement. »

L’essai est soutenu par le Programme national de lutte contre la lèpre au Mali, la Fondation Raoul Follereau, la Colorado State University, le CNR-Myrma et la société Janssen.

En couverture : Médecin au nord-ouest de Madagascar, le docteur Lusta Rasoamanana prescrit la polychimiothérapie à un malade de la lèpre dépisté au village. ©Marie-CapucineGaitte