Au sud du Bénin, dans le Centre de Traitement Anti-Lèpre de Ouidah un « espace-contact » a été ouvert pour aider les malades à renouer des liens sociaux. 

 

 Au-delà de leur prise en charge médicale, la réinsertion socio-économique des personnes atteintes de lèpre ou de maladies tropicales négligées constitue un enjeu majeur de la lutte contre ces maladies, notamment au Bénin. Certains patients arrivent dans les centres de traitement après avoir tout perdu. Rejetés par leur famille ou leur communauté, marqués par un parcours de soin difficile, ils se retrouvent dans une grande détresse financière et sociale. Les longues hospitalisations, les rechutes, l’apparition d’un handicap (amputation, pertes de mobilité), compliquent le retour à une vie dite normale. Face à ces obstacles, ayant perdu toute confiance en l’avenir, de nombreux bénéficiaires préfèrent rester dans les centres de soin bien qu’ils soient guéris, car ils y trouvent une forme de sécurité, de stabilité, voire un substitut à leur communauté d’origine.

Le retour à l’autonomie, un chemin parsemé d’embûches

 

 Quant aux patients bénéficiant d’une bourse de formation professionnelle ou du financement d’une activité génératrice de revenu, l’obtention d’un diplôme ou l’ouverture d’un atelier ne signifie pas la fin des difficultés. En effet, le retour à l’autonomie est un long chemin parsemé d’embûches. Les anciens malades doivent être soutenus dans la durée, accompagnés dans leurs moments de doute et de découragement, remobilisés après une rechute ou une nouvelle hospitalisation. Un travail de sensibilisation et de médiation auprès des communautés d’origine est essentiel, afin qu’ils puissent y être accueillis et acceptés.

Des moments de convivialité et de partage

 

Afin de mieux répondre à ces défis, le projet « Réhabilitation à base communautaire » mené au Centre de Traitement Anti-Lèpre (CTAL) de Ouidah depuis 2016, ouvre son « espace contact », tous les vendredis matins, aux résidents du centre ainsi qu’aux anciens malades retournés en communauté. C’est l’occasion pour les équipes du projet d’offrir un moment de convivialité autour de jeux de société, mais également d’aborder avec les patients des questions liées à l’estime de soi, l’hygiène, la vie après l’hospitalisation… Les bénéficiaires ont également accès à un entretien individuel avec un assistant social. Pour les patients encore hospitalisés, cet espace leur permet de réfléchir à un projet de réinsertion réaliste, avec l’aide des équipes du projet. Pour ceux qui sont déjà réinsérés, ils y trouvent un lieu d’écoute et de soutien.

Ce projet illustre l’importance d’une prise en charge globale, qui va au-delà de la guérison clinique. Pour que les anciens malades de la lèpre et d’autres MTN puissent retrouver toute leur place dans la société et redevenir acteur de leur vie, il est indispensable de poursuivre et de renforcer les efforts d’accompagnement et de sensibilisation.

 

 

[L’auteur de cet article, Alice Toussaint, est représentante de la Fondation Raoul Follereau au Bénin et en Guinée.]