Depuis 1986, le ministère de la Santé malien a mis en place un Programme National de Lutte contre la Lèpre (PNL). Dans ce programme, les infirmiers superviseurs lèpre jouent un rôle crucial, telles des sentinelles de la santé.
Dans la salle de consultation aux couleurs turquoises, Sékou Bouaré, l’infirmier superviseur lèpre (ISL), attend le directeur du PNL, le docteur Sidibé. En poste depuis deux ans comme ISL à Tominian, un village situé en zone dangereuse, Sékou a dû faire la route jusqu’au district sanitaire de San pour le rencontrer. « Je ne connaissais pas du tout la lèpre avant de me spécialiser. J’ai suivi une formation au CNAM[1]. Quand j’ai des doutes face à un cas, je demande conseil au docteur Sidibé. »
Dans la lutte contre la lèpre, les infirmiers des centres de santé des villages sont le premier niveau de contact de la population. Ils demandent conseil auprès des ISL, en poste dans le centre de santé du district. Les ISL mènent des missions de dépistage et vont au-devant des malades dans les villages les plus isolés, prennent contact avec eux et les motivent. « Tous les mois, les patients doivent venir chercher leur traitement auprès de l’ISL. Sur un cahier spécifique, je reporte chaque détail de la consultation. J’essaie de ne pas perdre le contact avec les malades. C’est parfois compliqué : ils disparaissent ou n’ont pas les moyens de venir. »
Aujourd’hui, Sékou présente les dossiers de ses 14 patients au docteur Sidibé. « Le PNL fournit le traitement contre la lèpre, la polychimiothérapie », explique le médecin. « Deux malades sont de la même famille », reprend Sékou, « ils ont des complications importantes au niveau neurologique car ils sont venus trop tard. Les séquelles irréversibles, c’est ce qui me touche le plus dans mon métier. »
Petit clin d’œil de l’histoire, la lutte contre la lèpre au Mali est possible notamment grâce à un legs pour la Fondation par… une ancienne infirmière française ayant vécu au Mali !
[1] Centre National d’Appui à la lutte contre la Maladie