L’Etat malgache a choisi de ne pas laisser les sans-abris à la rue après avoir imposé le confinement de la population. Installés dans des écoles ou hangars, ils sont plus de mille marginaux. Le maire de Tananarive souhaite les réinsérer progressivement au sein de la société.
Depuis le début de la pandémie Covid-19, le gouvernement malgache a imposé le confinement de la population afin d’éviter la propagation du virus. Cette décision a révélé toute une frange de la population pauvre et sans domicile, appelée Qat’mi. « Pour ne pas les laisser dans la rue, la commune urbaine de Tananarive a placé environ 700 sans-abris dans des centres, utilisant pour cela des écoles, vides en raison du confinement », explique le docteur Bertrand Cauchoix, médecin conseiller et représentant de la Fondation Raoul Follereau à Madagascar, « 300 personnes, hommes, femmes et enfants, ont été confinés dans un hangar transformé en centre d’accueil nommé Fanantenana.
« Des médecins viennent toutes les semaines et font remonter les besoins en médicaments. » La Fondation Raoul Follereau travaille avec les assistantes sociales de la communauté urbaine et adapte son aide par la distribution de nourriture, produits d’hygiènes, matelas et de produits de première nécessité. « La Fondation Raoul Follereau s’est engagée sur l’aide d’urgence en faveurs de ces gens très démunis. Plusieurs assistantes sociales qui sensibilisent les bénéficiaires à l’hygiène et enseignent des mesures sociales et de vie en communauté. Il faut aussi éviter toute tentation de vols des matériels apportés » souligne Joëlle Rakotonanahary, adjointe du représentant.
Un projet ambitieux
Le maire de Tananarive souhaite pérenniser cette action en réhabilitant le hangar et en le transformant en centre de réinsertion des sans-abris et marginaux. « Le projet prévoit un service médical et un service social qui seront installés dans le centre. Il faut également le mettre aux normes sur le plan de l’hygiène : le centre est équipé pour le moment de deux douches et deux toilettes pour 300 personnes… Mais heureusement, un partenaire local s’est engagé sur une réhabilitation partielle », affirme Joëlle. Pour l’heure, Fanantenana vit au jour le jour grâce à des donations. Par ailleurs, le bâtiment est vétuste. Il n’y a pas d’eau courante et la couverture électrique est insuffisante. « La villes remplie des citernes et nous avons fourni des lampes solaires. » Les 300 sans-abris vivent dans une salle commune. Les profils sont variés : hommes seuls, petites familles, orphelins…. « J’ai été particulièrement touchée par le nombre très important d’enfants. A ce jour, les assistantes sociales ont réussi à placer une quinzaine d’enfants dans un foyer. Sans la crise sanitaire, jamais ces enfants n’auraient été pris en charge. C’est le côté positif de ce confinement si je puis m’exprimer ainsi », affirme Joëlle. Ce projet ambitieux pourrait être un tremplin pour plusieurs marginaux de la ville. « Nous avons été sensible au fait que le maire attache une importance à cette réinsertion des sans-abris et souhaite à terme en faire un projet pérenne et pas seulement une intervention ponctuelle d’urgence », conclut le docteur Cauchoix.