En Côte d’Ivoire et au Burkina Faso, nos partenaires préparent la rentrée scolaire des enfants et des jeunes présentant des particularités souvent causes d’exclusion. Grâce à l’ABIPA, les élèves atteints d’albinisme bénéficient de meilleures conditions d’études au Burkina Faso. À Grand Bassam, dans la ville côtière ivoirienne, le Centre d’Éveil Crescendo propose un projet éducatif personnalisé aux enfants porteurs de handicaps.
Au Burkina Faso, des enseignants sensibilisés à l’albinisme
À Ouagadougou, Fabéré Sanon, président de l’Association Burkinabé pour l’Inclusion des Personnes Albinos (ABIPA), veut voir une lueur d’espoir : depuis 1999, année de création de l’ABIPA, il a observé un changement sensible des comportements dans le pays. Jusqu’alors prévalaient la méfiance et le rejet envers les personnes atteintes d’albinisme. Aujourd’hui les parents des enfants concernés par la maladie témoignent d’une réelle amélioration des conditions de vie de ces derniers : les communautés sont plus accueillantes et plus compréhensives et les élèves bénéficient de conditions d’étude et d’examen adaptées au handicap visuel causé par la maladie.
Malgré un contexte sécuritaire très difficile, l’ABIPA organise chaque année des campagnes de sensibilisation et d’information dans les régions, pour aller à la rencontre des familles, des enseignants, du personnel de santé et des chefs de communautés. Fabéré Sanon souligne la nécessité de donner « l’information juste » sur la maladie. Durant l’année scolaire 2022-2023, 385 enseignants des provinces du Houet et de la Comoé, à l’ouest du pays, ont été formés à la prise en charge des élèves atteints d’albinisme. Ceux-ci se sont montrés investis et désireux de connaitre des solutions pour pallier notamment les problèmes de vision propres à ces élèves.
Les enseignants sont désormais vigilants à placer les enfants à côté du tableau et demeurer à l’écoute de leurs difficultés et besoins, ces-derniers pouvant être aisément gênés par de simples reflets de lumière. Par ailleurs, il leur est recommandé de mettre en place un tutorat dans les classes en plaçant les élèves atteints d’albinisme à côté d’élèves lisant plus aisément. Au fil des mois les enseignants observent ainsi une complicité se développer entre élèves.
Les manuels de lecture sont imprimés en caractères plus grands pour les élèves atteints d’albinisme. Ce travail sur les manuels scolaires est effectué par l’ABIPA, avec le soutien financier de la Fondation Raoul Follereau. Sensibilisé par l’ABIPA, le ministère de l’Education, de l’Alphabétisation et de la PNL a également procédé à l’agrandissement des sujets et la mise en place de tiers-temps pour les élèves atteints d’albinisme passant des examens, du certificat d’étude jusqu’au baccalauréat.
Jean M. est un garçon de 13 ans, habitant de la région des Hauts Bassins dans la province du Houet. Lui et sa petite sœur Eugénie sont atteints d’albinisme et suivent les cours de l’école locale. En juin dernier, le jeune garçon a obtenu son certificat d’études primaires, faisant la fierté de son père qui a souhaité que son fils continue ses études dans l’enseignement secondaire.
Le 2 octobre, la clochera sonnera pour Jean, Eugénie et les quatre-vingts autres élèves atteints d’albinisme soutenus par la Fondation.
Voir aussi l’article : https://www.raoul-follereau.org/jai-difficilement-vecu-lalbinisme-durant-mon-enfance/=
En Côte d’Ivoire, un centre d’éducation spécialisée accueille les enfants porteurs de handicaps
En Côte d’Ivoire, la rentrée scolaire a eu lieu le 11 septembre pour la majorité des élèves. Mais dans la ville côtière de Grand Bassam, le Centre d’Eveil Crescendo a choisi d’accueillir ses élèves début octobre, lors d’une rentrée plus discrète « sans tambour ni trompettes » précise la fondatrice du centre, Marie-Pierre N’Guessan-Elogne.
En raison de leur handicap – autisme, trisomie 21, malvoyance, surdité, … – les enfants et adolescents, âgés de 5 à 15 ans, suivent un apprentissage adapté à chacun. L’objectif pour l’équipe de travailleurs sociaux du centre est de développer leur autonomie.
Quatre jours par semaine, les éducateurs spécialisés aidés des animateurs accueillent les enfants de 7h30 à 16h. Ceux-ci apprennent à lire, écrire, se laver, ranger leurs affaires, et la couture est enseignée aux grands. Ayant souvent des difficultés à s’alimenter, petit-déjeuner, collations et déjeuner leur sont offerts afin qu’ils prennent au moins un repas équilibré dans la journée.
« Notre travail auprès de ces enfants demande beaucoup de délicatesse. Nous visons le développement global de la personne. Chacun au centre, les enfants comme le personnel, est invité à « faire son crescendo ». » Marie-Pierre N’Guessan-Elogne
Pour les enfants les plus autonomes, un partenariat est développé avec des écoles privées : les enfants sont accueillis d’abord ponctuellement et, si tout se passe bien, ils intègrent une classe au sein de l’école l’année suivante.
Il est également apparu nécessaire de soutenir les parents, issus de tous milieux sociaux. Une formation leur est proposée une fois par mois sur des sujets variés tels que : bien nourrir son enfant, savoir l’occuper par une activité, développer ses réflexes.
Les familles se montrent sensibles aux séances d’orthophonie et de pédopsychiatrie qui sont offertes à leurs enfants par une équipe de spécialistes venant trois fois par an d’Abidjan, avec le soutien de la Fondation Raoul Follereau.
Onze ans après l’ouverture du centre, la fondatrice se réjouit de constater un changement des attitudes vis-à-vis du handicap. Au début du projet, elle était allée à la rencontre des chefs de quartier et des habitants sur les marchés et les lieux de culte afin de les sensibiliser au sujet du handicap. Désormais, les enfants accompagnés de leurs éducateurs sortent en visite au musée, et les familles et voisins sont régulièrement invités aux évènements organisés par le Centre.
À l’issue du séminaire de rentrée qui s’est tenu au mois de septembre, l’équipe du Centre Eveil Crescendo est prête à accueillir les enfants. Et l’année s’ouvre sur le thème : « Mieux se connaître, pour mieux communiquer, pour mieux se développer. »
Voir aussi l’article : https://www.raoul-follereau.org/rencontre-avec-marie-pierre-une-femme-au-service-des-exclus-2/