L’explosion à Beyrouth est le point d’orgue d’un long chemin de croix. A chacune de ses stations, on a cru que le Liban atteignait le fond et qu’il ne pouvait plus que remonter. Ce n’était pas vrai et cela ne l’est toujours pas, on dirait le pire toujours sûr en ce pays…
Un quart de la ville a été détruit. Près du port, il n’y a plus rien debout, sinon de grands silos de ciments mutilés, dont la hauteur souligne davantage la surface plane des décombres. On songe, face à cette désolation, aux images d’Hiroshima après la bombe. D’ailleurs, beaucoup de gens, juste après l’explosion, ont cru que cela avait été une bombe nucléaire. Un peu plus loin, son souffle a éventré des quartiers entiers de maisons anciennes, avec leurs patios, leurs cariatides, leurs balcons à fines colonnades, leurs hautes et fines façades à fenêtres cintrées, autant de témoignages d’un temps ancien où Beyrouth avait été une cité prospère, rêvée, presque fantasmatique d’ailleurs, où se rejoignaient l’Occident et l’Orient dans ce qu’ils avaient de plus raffinés. Et Là, il y encore quelques jours, vivaient des milliers de gens, commerçants, ouvriers, cafetiers, des personnes âgées, tous ou presque tous des enfants du lieu. Aucun n’aurait pu imaginer qu’en moins d’une minute, leur monde qui avait survécu à tant de guerres serait pulvérisé. On compte à cette heure 171 morts et 6000 blessés, et des centaines de milliers de miraculés, car, disons-le, au regard de la catastrophe totale qui s’est produite, le bilan des pertes aurait pu être bien plus important. Chacun a ici le sentiment d’avoir échappé in extremis à la mort. Il faut savoir que, sur des kilomètres, les vitres des buildings, sièges d’entreprise, appartements, ont été pulvérisées, blessant, tuant ceux qui étaient à l’intérieur. Personne n’était à l’abri d’un destin fatal. Mais ceux qui en ont réchappé sont abattus, en deuil, tristes, malheureux, sans toit, ou alors avec de grandes fenêtres béantes, fermées par des plastiques. Les verres pilés, entassés au pied des immeubles debout, jonchent les rues et ressemblent à des congères étincelantes. Leur masse effrayante pose aussitôt la question de leur remplacement et du coût exorbitant pour les habitants. La plupart sont déjà appauvris par deux ans de crise financière et économique. Ils ne sont pas forcément assurés et, ceux qui le sont, pas certains d’être dédommagés. L’inflation a multiplié par deux ou trois les prix : les couches culottes, le beurre, le lait, le sucre, sont devenus des produits de luxe. La crise sanitaire a achevé de tuer l’activité économique : 40 peut-être 50% de chômage, faillites en cascades etc. Beyrouth a perdu sa joie de vivre.
Il faut aider le Liban
Face à l’ampleur du désastre, il faut agir et prioriser les actions. Après les premiers soins humains facilités par une aide internationale d’urgence et après l’extraordinaire élan de solidarité de la jeunesse, il y aura le logement… Recenser les dégâts, diagnostiquer et mettre en œuvre toute une dynamique vertueuse pour que de ces cendres renaisse une espérance. Et si les défis politiques énormes du Liban reposent naturellement sur l’intelligence des gouvernants, nous pouvons tous faire un petit quelque chose pour faciliter une renaissance… C’est le défi auquel s’attaque aujourd’hui encore la Fondation Raoul Follereau mission Liban qui élargit ses actions habituelles à la Reconstruction d’appartements détruits. C’est parce que les équipes de la Fondation connaissent déjà des familles touchées par le drame que l’action pourra être efficace. Et pour que ces efforts de reconstruction soient porteurs d’espérance, les travaux sont réalisés par des entrepreneurs que la crise économique, financière et monétaire avait déjà « soufflé » à sa manière.
Diagnostic après visite, travaux après diagnostic, c’est appartement par appartement que s’organisent les rénovations, plutôt concentrées sur la zone du second rideau par rapport à l’explosion. Sont ciblées les familles ne disposant pas des moyens financiers pour assurer des travaux de type remplacements de fenêtres, de portes et de faux plafonds. Avec la dévaluation en cours, la rénovation exige une dépense comprise entre 6 mois et 2 ans de salaire modeste. Autant dire inaccessibles dans les conditions actuelles … et pourtant urgentes avant que la pluie ne s’annonce. Les petits entrepreneurs sont heureux de se remettre à l’ouvrage d’une si belle façon et avec en plus un carnet de commande assuré, et tout cela avec la supervision et la transparence du Responsable de l’équipe locale de la Fondation. Voilà notre première ambition qui repose sur votre générosité actuelle et future.
Soutenez les actions de la Fondation au Liban
Vous l’aurez compris, les actions de la Fondation au Liban vont s’amplifier, compte tenu des crises sanitaires, politiques, économiques et maintenant de ce drame. En soutenant nos actions, vous permettez à l’équipe sur place autour de Roger A. Khaïrallah de développer des actions en faveur des familles dans la plus grande précarité.