Dans le monde rural égyptien, les femmes subissent de nombreux abus. A Koussieh, sœur Nada aide les femmes à s’émanciper grâce au travail.

 

Situés au sud de l’Egypte, les gouvernorats de la Haute-Egypte sont parmi les plus pauvres du pays. Selon les Nations Unies, « le taux de pauvreté en Haute-Egypte représente 66% du niveau national ». La région abrite 95% des villages les plus pauvres. L’Egypte dispose d’une population très jeune, avec une forte croissance démographique, dans un contexte de grande précarité amenant ainsi des problèmes de santé et de société majeurs. Sœur Nada est en première ligne. Venue en Egypte dans les années 90, elle est envoyée en mission par son ordre, les Filles de la Charité, à Koussieh, un village à 350 km du Caire. Elle a cœur de défendre et promouvoir les femmes dans cette région pauvre.

 

Promouvoir la femme

 

« Dans la mentalité orientale, l’homme domine. C’est une honte pour une femme de ne pas être mariée et de ne pas travailler. Certaines sont maltraitées par leur mari, forcées de rester à la maison ou à travailler dans les champs. » Sœur Nada est admirative de leur courage et de leur endurance, « surtout les femmes de agriculteurs. » Les Nations Unies alertait déjà sur le phénomène : « les normes culturelles, sociales et religieuses empêchent les femmes dans les zones rurales d’accéder à des emplois hors de leur foyer. »

L’atelier de production manuelle de bougies emploie 17 jeunes filles en situation de grande pauvreté, dont une femme non-voyante. Elles travaillent tous les jours à l’atelier et sont rémunérées de telle sorte qu’elles puissent être indépendantes.

« Ces jeunes filles très pauvres et repliées sur elles-mêmes s’épanouissent et découvrent qu’elles ont de la valeur et sont capables de faire quelque chose de beau », explique sœur Nada.

La Fondation Raoul Follereau a permis à cet atelier de prendre son envol jusqu’à l’autonomie. Elle a financé deux machines de production dont une pour les petites bougies pour l’éclairage usuel. « Il n’y a pas d’électricité dans toutes les maisons, particulièrement au sein des foyers pauvres de ce village. Beaucoup s’éclairent à la bougie le soir venu », explique Roger Khairallah, représentant de la Fondation Raoul Follereau au Moyen Orient.

Le changement de mentalité n’est pas pour demain. « Il y a des femmes médecins, ingénieurs à Koussieh. C’est mieux qu’avant. Mais dans les milieux modestes, c’est plus difficile pour elles », déplore sœur Nada.