La lèpre sévit aussi dans des territoires français. En Nouvelle-Calédonie, trois à dix nouveaux malades sont dépistés chaque année. Face à ce constat, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie développe une stratégie d’élimination de la lèpre, avec l’appui technique de la Fondation Raoul Follereau. Depuis janvier dernier, une exposition retrace l’histoire de la lèpre et dresse un bilan de la situation. Elle vise notamment à indiquer au grand public qu’un dépistage précoce permet une guérison complète et sans séquelles.

 

En Nouvelle-Calédonie, les premiers malades de la lèpre sont déclarés en 1883. En l’absence de traitement, des mesures d’isolement sont alors prises et les malades reclus dans des centres. Après l’échec d’une léproserie centrale à Bélep dans les années 1890, le choix est fait de développer des léproseries partielles, à l’écart des lieux de vie. L’archipel a compté jusqu’à 64 léproseries réparties sur tout le territoire.

Au milieu du XXème siècle, les conditions de traitement s’améliorent pour les malades, avec l’introduction d’un antibiotique, la dapsone. C’est également à cette époque que débute l’histoire de la Fondation avec la Nouvelle-Calédonie. En 1952, Raoul Follereau se rend dans l’archipel et découvre la léproserie de Ducos, ancien pénitencier devenu léproserie en 1918 où sont rassemblés et enfermés les malades. Six ans plus tard, la léproserie est devenue un centre de traitement : le Centre Raoul Follereau (CRF). En 1988, frère Fernand Davoine – alors vice-président de l’association Raoul Follereau – reçoit le témoignage poignant d’anciens malades du CRF marqués par leur rencontre avec Raoul Follereau :

« Il est venu vers nous … et il nous a tous embrassés ! »
« Et alors, nous avons senti que nous étions redevenus des hommes. »

En 1983, l’introduction de la polychimiothérapie permet la guérison complète des malades en 6 à 24 mois, et le risque de contagion disparait dès les premiers jours de traitement. L’isolement des malades n’apparaissant plus nécessaire, le centre Raoul Follereau a fermé ses portes en 2016.

 

Développer une stratégie d’élimination de la maladie 

Bien que le nombre de nouveaux cas dépistés ait chuté jusqu’aux années 1990 en Nouvelle-Calédonie,  la maladie continue de se transmettre depuis lors, de manière résiduelle, atteignant encore entre 3 et 10 nouvelles personnes par an dans l’archipel. Face à ce constat, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a décidé de mettre en œuvre une stratégie d’élimination de la maladie.

À cette fin, une première mission d’étude a été menée en 2018 et 2019, avec l’appui de la Fondation Raoul Follereau, pour comprendre la situation épidémiologique des zones endémiques. Depuis 2019, au travers des missions effectuées chaque année par le professeur Emmanuelle Cambau et le docteur Bertrand Cauchoix, la Fondation Raoul Follereau apporte son soutien technique à la DASS (*) et participe à la recherche intensive des cas et à la formation du personnel de santé.

 

Une exposition pour changer les regards

Depuis janvier dernier, l’exposition itinérante est présentée, avec un soutien financier de la Fondation, dans les différentes communes du territoire calédonien. Les organisateurs témoignent de la surprise des visiteurs : « La lèpre, ça existe encore ? », « on en guérit ? », « c’est contagieux ? », « quels sont les premiers symptômes ? »… Les patients et leurs proches partagent les mêmes interrogations, teintées d’une crainte qui perdure :

« À l’époque, notre famille était montrée du doigt. Aujourd’hui, je ne veux pas que mes enfants vivent la même chose que moi. »

L’exposition est ainsi l’occasion d’informer, de favoriser les échanges et les témoignages, et in fine de changer les regards sur cette maladie encore trop souvent stigmatisante. 

Les panneaux de l’exposition, mis à disposition par la DASS de la Nouvelle-Calédonie, sont accessibles ci-dessous.

 

(*) Direction des affaires sanitaires et sociales de la Nouvelle-Calédonie