Le docteur Fatoumata Sakho vient d’être nommée chef de bureau de la Fondation Raoul Follereau en Guinée.

 

Longue robe en wax et foulard délicatement noué sur la tête, le docteur Fatoumata Sakho soigne son image. Derrière cette élégance se cache une volonté farouche et une grande sensibilité pour la défense des malades de la lèpre de son pays natal, la Guinée. Depuis 30 ans, elle est engagée dans la lutte contre la lèpre et fut la première femme à accéder au poste de coordonnatrice du Programme de Lutte contre les Maladies Tropicales Négligées, au sein du ministère de la Santé. Aujourd’hui, elle met ses compétences au service de la Fondation Raoul Follereau en devenant la nouvelle chef de bureau de la Fondation en Guinée.

 

Ne pas renoncer

 

« J’ai commencé ma carrière comme gynécologue à Forécariah. Je réalisais les consultations », se souvient le docteur Sakho, « A cette époque, il y avait beaucoup d’abandons d’enfants après l’accouchement. J’étais très en colère face à la misère qui défilait sous mes yeux. J’ai demandé à changer de service pour cette raison. J’étais trop sensible. » Pourtant, c’est bien cette sensibilité à fleur de peau qui mènera le docteur Sakho jusqu’aux malades de la lèpre. Après avoir été chef de service de la Santé Maternelle et Infantile puis chef de centre de santé, Fatoumata Sakho rencontre le représentant de la Fondation Raoul Follereau à Coyah. « J’ai eu envie de mieux connaître cette maladie. En 1991, je suis partie en formation à l’Institut Marchoux de Bamako, au Mali. » La jeune médecin ne sait pas alors que cette formation va changer sa vie.

« Cela m’a bouleversée de voir des malades aussi difformes à cause de la maladie… A chaque consultation, je sortais pour pleurer. » Un jour, le médecin-chef a demandé aux Guinéens présents de se lever. « Il y en avait beaucoup », souligne le docteur Sakho, « en se retournant vers moi, il m’a dit qu’au lieu de pleurer, je devais soigner mes compatriotes en Guinée. » A cette époque, les Guinéens malades de la lèpre devaient parcourir des kilomètres jusqu’au Mali pour avoir la chance d’être soignés. Cet épisode a séché définitivement les larmes du docteur Sakho. De retour en Guinée, elle est nommée coordinatrice du programme de lutte contre la lèpre à Forécariah. Alors que tous les médecins demandent à être mutés dans des programmes porteurs comme celui de la lutte contre le SIDA, le docteur Sakho se voue à la lèpre : « Je fais ce métier par amour et par humanisme. Il n’y a pas suffisamment de soignants qui se penchent sur cette maladie. Je suis passionnée par le sourire que je vois chez un malade guéri de la lèpre. » En Guinée, le seuil d’élimination de la lèpre selon l’OMS a été atteint en 2003. « Élimination ne veut pas dire éradication », souligne le médecin.

Environ 90 % des nouveaux cas de lèpre dépistés ont une forme très contagieuse. « Le combat doit continuer sinon nous ferons un grand pas en arrière. » La lutte du docteur Sakho se poursuit, aux côtés de la Fondation Raoul Follereau