Au sud-ouest de l’Océan Indien, Madagascar subit chaque année des cyclones tropicaux et de grandes sécheresses. Ces catastrophes climatiques engendrent des migrations internes importantes de populations au sein desquelles se trouvent des malades de la lèpre.
« Les populations pauvres qui vivent dans des cases de terre ne sont pas armées » explique Joëlle Rakotonanahary, représentante de la Fondation Raoul Follereau à Madagascar. Chaque année, entre novembre et avril, la Grande île subit le passage de cyclones ou tempêtes tropicales. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 90% des déplacements internes, à Madagascar, sont liés à ces tempêtes . Celles-ci frappent généralement le nord de l’île comme, en janvier 2025, le cyclone Dikeledi dont les inondations ont affecté près de 5 000 personnes. Toutefois, en mars dernier, le sud-même de Madagascar a été atteint par la tempête tropicale Jude, causant le déplacement de plus de 10 000 personnes.
Les malades aussi migrent vers le nord
Les régions du sud du pays connaissent de longues périodes de sécheresse. En 2021, près d’1,1 millions de personnes ont été affectées par la plus grave sécheresse qu’ait connu Madagascar depuis 40 ans. Famine et manque d’eau potable poussent alors les populations à migrer vers le nord. L’Organisation mondiale de la Santé évalue à 35% l’accès à l’eau potable pour les populations du sud de l’île, contre 55% pour les populations du nord. Or au sein des populations déplacées, les soignants observent la présence de malades de la lèpre.
La région Boeny, au nord-ouest de Madagascar, est une zone où la lèpre est endémique, avec au moins 400 nouveaux cas dépistés chaque année. Coordinateur régional du Programme national de lutte contre la lèpre, le docteur Irénée Andrialalasoamahafaly, constate : « la majorité des malades dépistés viennent du sud du pays, ils fuient la sécheresse et viennent ici pour vivre et cultiver des champs ». Ces familles arrivant du sud vivent dans des conditions très précaires, partageant pour certaines une unique case, avec un risque accru de transmission des maladies dû à la promiscuité. Ainsi d’une famille de 17 personnes originaire de la région Androy, à l’extrême-sud, dont le grand-père a été suivi pour le traitement contre la lèpre, dans le district d’Ambato Boeny. A l’occasion d’une visite au malade, les soignants ont dépisté sa petite-fille âgée de 11 ans, Rosina, à un stade précoce de la maladie.
Ici, davantage peut-être qu’ailleurs en raison des migrations, les dépistages précoces sont un enjeu-clef pour rompre les chaînes de transmission de la lèpre. Le docteur Irénée Andrialalasoamahafaly parcourt la région de Boeny pour dépister et suivre les malades dans les villages. ©Marie-CapucineGaitte