À la périphérie de N’Djamena, l’infirmière Maïlarmé Taïtouin apporte soins et réconfort à tous les anciens malades vivant dans le dénuement des ruelles d’Habena.
« Maïlarmé vient jusqu’à nous, chaque fois que nous avons besoin d’elle, même tard le soir »
À l’ombre de l’apatam longeant le centre de santé d’Habena, des hommes de tous âges témoignent de la présence réconfortante de l’infirmière à leurs côtés. Anciens malades de la lèpre, ils sont restés vivre avec leurs familles à proximité du centre originairement créé pour eux en 1973. Avec l’extension de la ville, le centre a étendu ses activités à la maternité et la malnutrition.Dans un bureau exigu, Maïlarmé Taïtouin y assure seule, depuis 12 ans, la prise en charge des anciens et des nouveaux malades de la lèpre arrivant de diverses provinces du Tchad. Le regard profond de l’infirmière reflète la misère qu’elle côtoie chaque jour dans le centre et dans les ruelles alentour où les familles ont érigé des cases de fortune.
Une volonté sans faille
Sa vocation, Maïlarmé la relie à l’indignation qui l’a saisie, enfant, alors qu’elle accompagnait sa mère dans un hôpital du Mayo-Kebbi Est. Le souvenir est encore vif à son esprit, elle y revoit un vieil homme malade, étendu au sol, et s’entend crier : « pourquoi abandonne-t-on une vieille personne couchée par terre ? quand je serai grande, je veux soigner les gens ! » Mariée à 16 ans, la jeune femme a eu plusieurs enfants avant de pouvoir suivre un cursus universitaire. Avec le soutien de son mari, elle est partie étudier au Cameroun et a exercé dans plusieurs provinces du Tchad avant d’être rappelée par le district sanitaire de N’Djamena, en 2012.
À son arrivée au centre d’Habena, constatant que les malades de la lèpre passaient après tous les autres patients, elle interroge : « pourquoi les traiter différemment ? » L’infirmière décide alors de s’occuper d’eux, sans réserve : « je les voyais si démunis… la compassion, l’amour que j’avais pour ces malades grandissait au fur et à mesure ». Maïlarmé poursuit depuis lors son travail avec le soutien du Programme national de lutte contre la lèpre et de la Fondation Raoul Follereau.
Maïlarmé offre une présence réconfortante à tous les malades et anciens malades vivant à Habena. ©Marie-CapucineGaitte
Cet homme, amputé en raison d’une lèpre dépistée trop tard, témoigne du soutien que leur apporte l’infirmière. ©Marie-CapucineGaitte
Certaines familles vivent dans des cases de fortune, ouvertes aux intempéries. ©Marie-CapucineGaitte
Lors de la saison des pluies, les ruelles du quartier d’Habena sont rapidement inondées et encombrées de déchets. ©Marie-CapucineGaitte
Lorsqu’elle n’est pas au centre de santé, Maïlarmé rend visite aux malades dans leurs cases. ©Marie-CapucineGaitte
De nombreux anciens malades de la lèpre sont restés vivre avec leurs familles, à Habena. ©Marie-CapucineGaitte
Cet homme a été amputé après sa guérison de la lèpre et marche grâce à une prothèse fournie par el CARK. ©Marie-CapucineGaitte