Mon nom est Etienne. J’ai trente ans et je vis au Bénin. Il y a deux ans, je vivais dans mon village avec ma femme et mes deux enfants. Je travaillais comme maçon et j’étais reconnu dans mon travail.
Parfois, je trébuchais, mais je ne m’inquiétais pas : je ne sentais aucune douleur. Et puis un jour, des infirmiers sont arrivés au village. Ils faisaient une tournée pour dépister et soigner les maladies de peau. J’y suis allé et là, l’infirmier m’a montré des taches sur ma peau en me demandant depuis combien de temps elles existaient. Je n’y avais jamais prêté attention. Il m’a alors diagnostiqué la lèpre.
Du jour au lendemain, ma vie a changé : je ne trouvais plus de travail et j’ai dû m’installer à l’extérieur du village. Pour les gens, j’avais le mauvais œil. Les infirmiers m’ont tout de suite donné un traitement, mais pour la société, la lèpre n’est pas qu’une maladie. Comme j’avais déjà quelques lésions, j’ai été emmené au centre Raoul et Madeleine Follereau à Pobè pour y être soigné. Là-bas, j’ai été très bien traité et ma famille venait me voir. C’était très important pour moi.
A Pobè, j’ai rencontré d’autres malades qui portent des séquelles plus importantes que les miennes : certains ne peuvent plus se déplacer à pied et doivent utiliser un tricycle ; d’autres, plus âgés, ont perdu des doigts ; il y a aussi des malades plus jeunes que moi. C’est triste, car cela veut dire que la lèpre continue à se transmettre, alors que nous avons des médicaments efficaces. Le Docteur Gâteau, qui m’a soigné, m’a expliqué tout cela.
Pendant mon séjour au centre, j’ai pu rencontrer une assistante sociale, Blandine. Avec elle, j’ai pu envisager l’après-lèpre, car je ne peux pas retourner au village. J’ai la chance d’avoir été dépisté suffisamment tôt : je n’aurai pas d’invalidité. Je vais donc pouvoir continuer mon travail de maçon dans un autre village, à une cinquantaine de kilomètres de Pobè.
Je suis enfin sorti du centre Raoul et Madeleine Follereau. Aujourd’hui, grâce à la Fondation Raoul Follereau, qui finance les tournées de dépistage, et au centre Raoul et Madeleine Follereau, j’ai repris une vie normale, avec ma famille. Sans eux, sans les personnes généreuses qui donnent, je n’aurais pas été dépisté, je serais aujourd’hui lépreux avec de grosses invalidités, sans doute été rejeté de la société, honni. Dans mon nouveau village, mon travail est apprécié. Je revis.
Pour guérir d’autres personnes comme Etienne, votre aide est déterminante !