Depuis 2008, l’assistante sociale Sœur Akoua Jean Jérome Tano parcourt la Côte d’Ivoire pour aller à la rencontre et accompagner les malades de l’ulcère de Buruli.

 

Sœur Akoua Tano est née dans le Zanzan, une région où se mêlent savane et forêts, à l’est de la Côte d’Ivoire. D’une famille nombreuse, elle a deux ans à la mort de son père, planteur et acheteur de café et cacao. Avant-dernière de sa fratrie, la fillette comprend vite qu’elle doit trouver sa propre voie : « je me suis dit très tôt que mon héritage, c’était de réussir à l’école. » Son aînée, institutrice, prend la petite sous sa garde et finance toute sa scolarité. Pensant à la vocation religieuse depuis l’enfance, la jeune Akoua entre au couvent. Sa communauté, qui a deviné en elle le souci de l’autre, lui demande de se former comme assistante sociale. « Je ne connaissais rien au domaine social, mais je me suis rappelée que lors d’une visite à l’hôpital, ma préoccupation était déjà : comment faire en sorte que le patient puisse être bien pris en charge ? »

 

« Aujourd’hui, on va chercher la guérison mentale du malade et sa réinsertion »

 

Après des études à l’Institut national de formation sociale d’Abidjan, Sœur Akoua Tano part s’occuper de personnes atteintes du VIH. À la même époque, elle aide dans un centre de santé d’une zone endémique à l’ulcère de Buruli. La religieuse soignante est marquée par les rencontres qu’elle y fait, et les conséquences psycho-sociales de la maladie. En 2008, elle rejoint le Programme national de lutte contre l’ulcère de Buruli (PNLUB) dont elle devient la 1ère assistante sociale : « à l’époque, personne ne comprenait l’importance du service social, la seule priorité était de soigner les malades ».

Sœur Tano va ainsi parcourir, durant près de 15 ans, les centres de santé du pays et assurer, seule, la prise en charge psychosociale des malades hospitalisés : elle visite et écoute les malades et de leur famille, sensibilise les communautés pour qu’elles réintègrent les patients guéris, et aide ceux-ci à se réinsérer par le travail ou par l’école. Depuis 2020, l’approche du PNLUB a évolué : « aujourd’hui, on va au-delà de la guérison physique, on va chercher la guérison mentale et la réinsertion du malade » se réjouit-elle, « le plus important pour moi, c’est de voir la personne épanouie, autonome, qui reprend toute sa place dans la société, qui retrouve une vie digne. »