En avril dernier, trois infirmiers du Centre de traitement de la lèpre et de l’ulcère de Buruli (CDTLUB) de Pobè, au Bénin, ont effectué un stage d’immersion au Centre Hospitalier Universitaire (CHU) d’Angers. Une expérience inspirante et fructueuse. 

 

Céline Lawani, infirmière diplômée d’Etat (IDE) est responsable du service « Hospitalisation A » au CDTLUB de Pobè (photo ci-dessus). Son service prend en charge les patients présentant des plaies dites graves, causées par des ulcères de Buruli, des ulcères chroniques ou encore à des brûlures. 

Au CHU d’Angers, Céline Lawani et ses deux collègues infirmiers ont participé à des ateliers et découvert 7 services de l’hôpital (infectiologie, dermatologie, diabétologie, …) L’objectif était d’observer les pratiques, les équipements et la manière de travailler des équipes soignantes du CHU. « J’ai beaucoup observé et appris sur l’organisation du travail au CHU d’Angers ». Rentrée à Pobè, la cadre-infirmière a réorganisé le travail au sein de son service. « Les rôles sont mieux définis entre les infirmiers et les aides-soignants, et désormais nous intégrons des pauses dans nos journées de service, ce qui soulage beaucoup l’équipe ». 

L’infirmier Bienvenu Lalo travaille depuis 8 ans au CDTLUB de Pobè. ©Marie-Capucine Gaitte

Prendre conscience de ses atouts

La répartition des rôles au sein du personnel soignant a également marqué Bienvenu Lalo, infirmier diplômé d’Etat rattaché au service Hospitalisation A du CDTLUB de Pobè : « à Angers, il n’y a pas de gardes-malade, les aides-soignants font la toilette des malades, leur apportent leur repas et de quoi boire. Chez nous, au Bénin, ce sont les membres de la famille qui s’occupent de ces soins. J’ai aussi pris conscience de nos atouts : en tant qu’infirmier à Pobè, j’ai déjà eu l’opportunité de pratiquer certains gestes tels que des incisions qui seraient réserver à un médecin en France. »

L’infirmier évoque avec enthousiasme sa découverte du service des urgences et du travail du SAMU. Homme de terrain, lui-même est responsable des tournées dans les villages de la région de Pobè : tous les lundis et mercredis, une équipe de soignants du CDTLUB se relaie pour rendre visite aux malades, leur apporter des médicaments, et effectuer des dépistages ; le samedi est consacré à la recherche des malades perdus de vue.

Armelle Zitty est cadre-infirmière et la psychologue du CDTLUB de Pobè. ©Marie-Capucine Gaitte

Transposer en tenant compte des réalités locales

« Il faut transposer ce qui est transposable, avec nos réalités africaines » explique Armelle Zitty, cadre-infirmière responsable du service Hospitalisation B et psychologue au CDTLUB de Pobè. Elle aussi évoque le rôle tenu par la famille auprès des malades, au Bénin, durant leur temps d’hospitalisation : « inviter une famille à nous laisser le patient et à revenir pour les seules heures de visite, ce n’est pas possible. » Les parents assurant des soins qui relèveraient des aides-soignants en France, certaines mesures de suivi ne peuvent être pratiquées, comme la quantité d’eau bue par un malade par jour.

« Ce qui est transposable ce serait d’apporter certaines améliorations encore à nos pratiques en termes d’hygiène, on peut toujours s’améliorer ». À Angers, l’infirmière a également pu constater tous les points positifs du travail réalisé par les équipes à Pobè tels que les règles d’asepsie déjà mises en place, et le nombre de pansements réalisés par jour au CDTLUB. 

À leur retour, les trois infirmiers ont fait part de leurs observations à la direction du CDTLUB. En prenant acte, le directeur Oswald Attolou a depuis lors fait construire et équiper une salle dédiée aux prélèvements. Cette salle est installée à proximité du lieu des consultations pour les patients externes et à distance des services d’hospitalisation afin d’éviter toute propagation de germes dans le centre.  

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Une coopération de plus de 20 ans existe entre le CDTLUB de Pobè et l’INSERM d’Angers en lien avec le CHU d’Angers, animée par le professeur Laurent Marsollier et par ses équipes de recherche. Si le CDTLUB de Pobè est un centre de référence au Bénin pour les soins apportés aux malades de la lèpre, de l’ulcère de Buruli et d’autres maladies dermatologiques, il est également réputé pour la qualité des analyses effectuées au laboratoire et pour les projets de recherche qui y sont pratiqués.