L’enquête menée auprès de nos donateurs en août dernier a mis en lumière les questionnements de certains concernant la mission de la Fondation et ses actions. Pour y répondre, la Fondation a choisi de synthétiser sa mission en trois verbes : SOIGNER, EDUQUER, REINSERER.
Elle avait écrit, à la dernière page de l’enquête qu’elle venait de remplir : « pour moi la Fondation c’est essentiellement la lutte contre la lèpre. Pourquoi vous diversifiez- vous ? » ; et, comme en réponse, le courrier suivant affichait : « la situation sur la lèpre s’améliore […]. La vraie charité impose d’aider sur tous les fronts, la santé n’est pas le seul problème » ! Voilà en quelques mots la question essentielle qui ressort de l’enquête donateurs du mois d’août dernier : que fait la Fondation ?
Il n’était pas toujours évident de faire le lien entre les quatre causes (Aider les malades de la lèpre et soutenir les programmes de santé ; Aider les victimes de conflits au Moyen-Orient ; Secourir les enfants en détresse ; Favoriser la réinsertion par l’emploi en France) que défend la Fondation toutes justifiées et légitimes au regard de ses statuts, de sa mission et du discours de Raoul Follereau.
« Pour aller d’une léproserie à l’autre, il faut faire du chemin et je ne ferme pas les yeux sur la route », disait Raoul Follereau. Son combat, le nôtre aujourd’hui, était de replacer la personne bannie au milieu de la société ; son message, la charité. Mais cela ne suffit pas à qualifier l’action de la Fondation. A partir de vos remarques et du message de Raoul Follereau, nous nous sommes orientés vers une présentation en trois verbes : SOIGNER, EDUQUER, RÉINSERER.
Ces trois verbes d’action correspondent aux trois lèpres dénoncées par notre fondateur « la maladie, l’ignorance ou l’illettrisme et la pauvreté ». La Fondation a le souci de rendre à l’homme sa dignité dans ses trois dimensions, physique, culturelle et sociale.
SOIGNER
Soigner a toujours été au cœur des actions de la Fondation Raoul Follereau. Depuis l’appel de la mère supérieure de la congrégation de Notre Dame des Apôtres, la Fondation est au front de la lutte contre la maladie, avec l’aide de médecins engagés. Aujourd’hui, elle s’appuie notamment sur le professeur Henri Asse, le père Christian Steunou, le docteur Thierry Gateau. En 1998, à l’appel de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et des pays d’endémie, elle a de nouveau été pionnière pour soigner les malades atteints de l’ulcère de Buruli. Enfin, elle participe ponctuellement au financement d’équipements de santé tels que des moniteurs, un scanner ou un service de grands brûlés au Moyen-Orient.
La Fondation Raoul Follereau a toujours eu le souci de la qualité des soins qu’elle apporte aux patients. Ainsi, en lien avec sa commission scientifique et médicale présidée par le professeur Stewart Cole et composée de scientifiques de renom, elle travaille à développer des traitements efficaces aussi bien pour la lèpre que l’ulcère de Buruli. La Fondation Raoul Follereau est aussi impliquées dans la réflexion sur les stratégies de lutte contre les maladies tropicales négligées (parmi lesquelles sont classés la lèpre et l’ulcère de Buruli) en partenariat avec l’ILEP et l’OMS. Dans ce cadre, la Fondation développe des stratégies de dépistage intégrées regroupant plusieurs maladies pour une meilleure prise en charge des malades. Les compétences de la Fondation dans ce domaine sont idéalement prolongées sur le terrain par des compétences logistiques, en lien avec nos partenaires institutionnels.
ÉDUQUER
Le combat de Raoul Follereau contre la lèpre fut dès le début doublé d’un combat contre l’ignorance et pour l’éducation. En donnant à tous une chance d’apprendre à lire et à écrire, il ouvrait la voie que la Fondation suit encore aujourd’hui auprès des enfants en situation de détresse ou de précarité. Notre soutien à des écoles, des patronages, des foyers d’accueil, les bourses attribuées à des étudiants, la prise en charge de scolarités pour aider des familles en situation de précarité et démunies pour que leurs enfants puissent aller à l’école ; toutes ces actions s’inscrivent dans un plus large dessein : pouvoir prendre son avenir en main. Comme la lèpre, l’ignorance est un grave vecteur d’exclusion. Pour que chacun puisse prendre son avenir en main, l’éducation est au coeur de nos actions.
Dans un contexte géopolitique actuel d’instabilité et de danger, la Fondation continue à s’engager pour pérenniser les actions d’éducation que son retrait fragiliserait. Elle entend focaliser ses efforts sur l’instruction des enfants et la formation des femmes afin de les aider à créer des activités génératrices de revenus. Depuis plus de 20 ans, la Fondation poursuit son oeuvre, persuadée que l’éducation seule émancipe. En 2016, 80 projets dans 18 pays, dont la France, ont permis de faire reculer l’illettrisme et la pauvreté. La Fondation a privilégié les initiatives permettant à la personne de se prendre en charge.
RÉINSERER
La dignité humaine passe par le travail et la possibilité d’en vivre décemment. « Un homme n’est vraiment homme que s’il est libre. Il n’est libre que s’il travaille » (Raoul Follereau)
Que ce soit en France avec l’aide à la création de micro-entreprises en milieu rural, le développement d’activités génératrices de revenus partout dans le monde ou le soutien à des centres de formation, la Fondation s’inscrit par ses actions en faveur de la réinsertion par le travail dans la dimension sociale du message de son fondateur : la liberté et la dignité ne sont possibles que si l’on peut subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille.
En 2016 en France, 65 personnes en situation de précarité ont reçu une aide financière pour créer leur entreprise dans des domaines très variés : maraîchage, production de spiruline, élevage de poules, rôtisserie et/ou restauration ambulantes, boulangerie-pâtisserie, menuiserie, plomberie, épiceries-multiservices, boucherie, tabac-presse… Ces créations d’entreprise se sont faites dans des communes rurales où elles contribuent à recréer du lien social. Les autres projets soutenus dans le cadre de la réinsertion concernent les enfants défavorisés, les femmes d’origine rurale, les personnes déplacées ou réfugiées.